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  JEAN RODIER (1920 - 2008)
   
 

Le 8 mars 2008, un longjumellois de longue date, un homme discret, qui eut un rôle important pendant la dernière guerre mondiale et à la libération, nous a quitté.
Ancien Secrétaire Général de la mairie, il fut surtout chef de la résistance de Longjumeau. Afin que les longjumellois n'oublient pas cet homme exceptionnel, voici sa biographie.

   
 

Son enfance et son adolescence.

Jean Rodier est né le 22 juin 1920 à Champigny-sur-Marne d'une famille de travailleurs. Son père, ancien légionnaire, avait obtenu, après son retour de la guerre d'Indochine, un emploi à la Lyonnaise des eaux. Quant à sa mère, après avoir vécu une partie de son adolescence en Algérie, travaillait à la poste.
A l'âge de 2 ans, il fut atteint par la poliomyélite et garda de sérieuses séquelles qui l'handicapèrent toute sa vie.Mais il avait une volonté, une énergie et une force de caractère hors du commun. Appareillé à l'âge de 7 ans, il lutta pour avoir une vie normale. Il fréquenta l'école de Longjumeau, puis celle de Juvisy et ses carnets scolaires indiquent qu'il était un très bon élève.

Secrétaire général de mairie à Longjumeau.

A lâge de 16 ans, il entra à la mairie de Longjumeau comme commis. Avec acharnement, il prépara l'accès au grade supérieur et accéda au poste de secrétaire général de mairie. Ses talents d'organisateur furent très appréciés par le conseil municipal dirigé par M Georges Louin, Maire de l'époque.

L'exode.

En juin 1940, alors que les troupes allemandes approchaient de Paris, Jean Rodier fut chargé par le maire, de conduire à Auxerre, les archives de la mairie et celles de la perception. Le transport fut effectué au moyen de la benne municipale mais la progression des armées ennemies était si rapide, que la benne ne put prendre la direction d' Auxerre et bifurqua en direction du Loiret. Mais le pont de Sully s/Loire ayant été bombardé, il était impossible de traverser la Loire, la benne et son chargement ont alors été remisés dans la commune des Bordes, à 10 km au nord de Sully.
Malgré son handicap, Jean Rodier réussit à traverser la Loire par le pont de chemin de fer et le 18 juin, il arriva dans le Cher à Ivoy-le Pré en même temps que les allemands. Il fut alors contraint par l'occupant à rejoindre son domicile à Longjumeau.

L'occupation.

Les allemands pénétrèrent à Longjumeau le 15 juin 1940 et s'y installèrent après avoir réquisitionné divers locaux. L'étude de Maître Musnier notaire, 76 Grande Rue où siégea la Kommandantur et en face, la Mairie place du Postillon, furent drapées d'oriflammes à croix gammée.
Dès son retour à Longjumeau, Jean Rodier fit fonction de Maire en attendant le retour de M Louin. Les services de la Mairie reprirent rapidement leur activité. Les archives de la commune furent récupérées. Quelques mois plus tard, en octobre, le maire M Louin, adressa sa lettre de démission au Préfet. Ce fut M achille Lapeyre qui devint premier magistrat de la commune.

Son engagement dans la résistance .

Dès l'appel du Général De Gaulle du 18 juin 1940, Jean Rodier savait qu'il devait rentrer en Résistance face à l'occupant allemand.
Avec les réquisitions, la vie devint difficile car l'habitant devait fournir tout ce qui était nécessaire à l'occupant. Puis le couvre-feu fut instauré. Les restrictions alimentaires commencèrent à se faire sentir. Les cartes d'alimentation apparurent à la fin de 1940. Dans cette atmosphère créée par l'occupant, certains esprits se rebellèrent car ne supportant pas le joug qui leur était imposé. Ce fut le cas de Jean Rodier qui amené, en mai 1942, à constituer un groupe de résistance à Longjumeau dont il devint le chef. Dans un premier temps, ce groupe vint en aide aux réfractaires, aux juifs puis aux maquisards et aux parachutistes alliés.

La résistance .

Etant handicapé et se déplaçant en voiture d'infirme, Jean Rodier n'attira pas l'attention des allemands. Début 1943, le groupe de Longjumeau affilié au réseau "Défense de la France", regroupé dans le "Mouvement de Libération Nationale" (M.L.N.), comptait 19 membres. Pour limiter les risques en cas d'arrestation, chaque membre ne devait en connaître que 2 ou 3. De plus, chaque membre choisissait un pseudonyme. Celui de Jean Rodier était "Jean Bambois" (soit "jambe en bois", allusion à son handicape).
Les effectifs du groupe de résistance de Longjumeau grossirent avec l'évolution de la situation pour atteindre 94 personnes en1944.
La position de Jean Rodier à la Mairie lui permit de se procurer ou de créer des cartes d'identité et des cartes de travail, nécessaire pour les contrôles de la milice ou de la police allemande. Quant aux cartes d'alimentation, les réfractaires du STO et les familles pauvres de la ville, purent en bénéficier grâce à lui.

La libération de Longjumeau .

Le matin du 24 août, les premiers chars de l'armée Leclerc pénétrèrent dans la ville. Les résistants longjumellois se mélèrent aux soldats de la 2ème D.B. et participèrent aux combats au nord de la commune. A la fin de la journée, la ville était totalement libérée. Après avoir rendu les honneurs aux combattants tués lors des combats, il fallut s'occuper de l'administration de la commune. Un Comité Local Provisoire fut constitué le 28 aoùt 1944. Jean Rodier s'attela alors à organiser l'approvisionnement en nourriture de la population.

Séjour en Algérie .

Au début de l'année 1945, un poste de Secrétaire Général fut proposé à Jean Rodier en Algérie. Agé de 25 ans, il n'hésita pas et partit rejoindre son poste à Khenchela, petite commune près de Batna. C'était aussi pour lui une sorte de "pélerinage" puique sa mère avait vécu son adolescence en Algérie. Il y passa 2 ans où il se fit de nombreux amis parmi la population, notamment en animant des bals avec des musiciens locaux, puisqu'il était parti avec son accordéon. Il faut savoir que pour lui, la musique a toujours beaucoup compté dans sa vie et l'a certainement aidée à mieux supporter son handicape.

Le retour en France .

En juillet 1947, ce fut son retour au pays, près de ses parents. Le poste de Secrétaire Général de Mairie à Chilly- Mazarin étant ouvert sur concours, Jean Rodier postula et l'obtint. Il travailla plusieurs années à Chilly. Par la suite, il reprit le même poste à la Mairie de Longjumeau.
Entre temps, le 12 septembre 1953, il se maria à une longjumelloise, Yvonne Boudon, avec qui il eut un fils le 22 janvier 1955. Il resta à la Mairie de Longjumeau jusqu'à l'élection de Jean Colin en 1965. A cette époque, il rejoignit le poste de sécrétaire Général de Mairie à Briare-Le-Canal, dans le Loiret, poste qu'il occupa juqu'à sa retraite en juin 1981. Mais il ne resta pas à Briare et vint passer sa retraite à Longjumeau, la ville qu'il aimait tant.
Il est décédé le 8 mars 2008 entouré de sa plus proche famille. Ses obsèques ont eu lieu dans l'intimité, comme il le souhaitait et repose paisiblement aujourd'hui dans le cimetière de Longjumeau.

Ses distinctions .

Pour son action durant la dernière guerre mondiale, Jean Rodier a reçu plusieurs décorations :
    - Citation et Croix de Guerre;
    - Croix du combattant volontaire 1939 - 1945;
    - Croix du combattant volontaire de la Résistance;
    - Croix de la valeur militaire;
    - Diplôme de reconnaissance signée par la Reine d'Angleterre pour avoir sauvé des aviateurs anglais.

Au titre de son activité professionnelle :
    - Ordre National du Mérite;
    - Médailles Départementales et Communales (argent, vermeil et or).